vendredi 7 décembre 2007

Ode à Gontran

Je l'ai reconnu dès que je l’ai vu.

Ce jour-là, je fêtais mes 25 printemps. Je venais de lâcher mon boulot de prof et j’étais plus légère de 150 bambins –volatile– un vrai ballon à hélium. C’était l’été, un mois de Juin chaud et enrobant, et mes petits pas réchauffés, comme des oisillons au soleil, m’avaient amenée à Camden.

Dans la horde joyeuse, mi-hippie mi-punk, je l’ai vu. Au fond d’une boutique, dans le marché couvert. La pièce était pleine de bric-à-brac, mais on ne voyait que lui. Il avait quelque chose de terriblement distingué, un rien désuet, et le regard de Blaise Cendrars. Un manteau flamboyant, une extravagance nonchalante. J’ai beaucoup voyagé, j’ai vécu- semblait-il dire. Je suis prêt à me poser.

Il m’a fait un clin d’œil, je jure que c’est vrai. C’est là que j’ai abandonné mari et enfants (sur le pavé) net. Et j’ai couru me jeter sur ses genoux.

Voilà, je peux m’en vanter. C’est moi qui ai fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. Je l’ai trouvé dans la rue, orphelin, mal aimé. Je l’ai couvert d’amour et de mots tendres. Mon affection a nourri son âme, lissé son pelage, lui a restauré sa splendeur d’antan. Il a rosi sous mon regard amoureux.

Je l’ai ramené chez moi, et depuis je le zyeute tous les jours avec extase, j’en perd tout sens critique, comme une maman poule gaga devant son mouflet.


Je l’ai acheté 130 euros. Gontran, c’est le plus beau de tous les fauteuils.




Là, il attend le bus avec Slash. C’est le début d’une amitié magnifique.


Non content d’être beau, Gontran est un fauteuil magique. Quand on s’y pose, on découvre monts et merveilles. Les Bisounours, le Dôme du Plaisir et tout Xanadu surgissent d’une sieste avec lui. On y voit le ciel, les avions qui partent de Stansted, mais aussi,


comme un point collé au carreau d’une fenêtre,


la lune.




Et parfois même un arc-en-ciel.


Tout le cosmos pour £100. C'est donné, non?


4 commentaires:

Magda a dit…

Comme c'est mignon, et cela me donne un petit aperçu de ton nouveau home sweet home -enfin nouveau depuis un an, quoi. Enfin un billet : merky, il était temps.

tania a dit…

Oh Gontran, tu me manques, je viendrai bientot decouvrir le cosmos sur tes genoux moi aussi!

Bravo, super texte, de Venise je l'ai lu à mon hotesse qui habite dans un 200m² dans le coeur des petites rues venitiennes!
biz

Anonyme a dit…

J'en hallucine...il faut que tu me dises quand tu as acheté ce fauteuil ô périphérique car j'ai flashé sur exactement le même, à Camden, donc soit tu as MON fauteuil soit tu as son frère jumeau.

Lucky you ceci dit entre nous :)

P. a dit…

Salut Ella,
alors pour etre exacte, je l'ai achete en juin 2006. Tu crois qu'il s'agit du meme Gontran? Sacrebleu...