lundi 24 mars 2008

Neverland



Je suis en deuil, les amis. J'ai la mort dans l'âme et l'âme en lambeaux.
Ci-gisent les grasses matinées de Périphérique, ex-eternelle ado.
J'enterre aujourd'hui ma paresse, mon insouciance et mon teint frais. Je suis mûre, adulte, et demain, je démarre un boulot à plein temps. Je ne suis plus une enfant. Je dois travailler le jour, dormir la nuit, vivre le weekend. Je ne suis plus une enfant. Je dois gagner ma vie, payer mon loyer, mourir d'ennui. Je ne suis plus une enfant. Je suis professionelle, ambitieuse, carriériste. J'ai les dents longues. Je vais avoir un salaire, devenir riche et conquérir le monde. J'acheterai de belles fringues, je monterai mon propre journal, je serai une l'exemple d'une réussite professionnelle éclatante. J'ai les dents longues. On fera une statue à mon effigie, mon visage ornera le revers des billets de 50 euros , le jour de mon anniversaire sera décrété fête nationale.


Bon, c'est le début d'une glorieuse aventure. Mais...


mercredi 16 janvier 2008

Herbe Folle

Pas loin de mon immeuble, il a y un arbre. C'est un arbre joli, quoique indéfini. J'ai grandi à l'ombre des cocotiers, traîné sous celui des platanes, je reconnais mon charme de mon hêtre, j'identifie mon chêne une fois sur deux, l'érable est un robuste cliché et les cerisiers me sont incontestables quand ils portent leurs cerises... Mais alors, celui-là...

Quand je dis qu'il est indéfini, je ne veux pas dire qu'il n'a pas de caratéristique propre. Il en a une, ce petit.

Il est timbré.

Il est en fleurs depuis mi-Décembre. Glorieusement, avec arrogance, il crâne entre tous amis à poil. C'est la folle du quartier, qui met son chapeau à plumes et son pantalon en lycra par une journée terrassante de Juillet.

Alors je lui parle, l'arbre fou, j'essaie de lui expliquer: mais tu vas être tout nu en Avril, c'est pas possible à la fin, sois sérieux!

Je ne sais pas s'il est pressé de vivre sa vie, s'il brûle les étapes parce qu'il est en crise d'adolescence, ou si c'est une abbération de la nature. Mais en hommage à cet allumé qui se croit au printemps, je vous laisse avec ce beau poème illustré :









Pour le poète, il faut passer par . Quant à l'artiste, c'est par ici.
Et pour la corde, c'est Google.


vendredi 11 janvier 2008

Home alone

Il aura fallu beaucoup de préparation. Des sous-entendus machiavéliques : “pfff, Londres... Ville pourrie, cégriçapufémoche”, “Mais ça fait longtemps que tu l’as pas vue, ta mère, tu dois lui manquer” et “ça te fait quoi, de plus vivre en Italie?”


Puis une série de regards roucoulants et de mines éplorées, pour qu’il ne se doute de rien: des “Janvier, j'y comprends rien” et des “me laisse pas toute seule, sale type” suivis de “c'est dégueulasse, d’abord, j’ai plus de vacances moi”.


Et Paf!

Parti, le banquier!!


Un vrai jeu d'enfant.


Héhéhé. Enfin seule...


Depuis, j'en profite pour mener une existence de reine.

Une vie fascinante, excitante, exquise.

Une semaine d'interdits et de tabous qui volent en éclat!



Par exemple, il y a des jours où je me déguise.



Je me vêts de mes plus beaux atours et me regarde bêtement dans le miroir en prenant un air profond.

Ca se passe de commentaire.


Et puis j'emmène un livre partout où je vais.

Mais attention, n'allez pas croire que la lecture soit au programme! Nous avions établi que je ne lis JAMAIS, ou alors mal, lentement, sans appétit, pour crâner. C'est juste que j'aime glander à côté d'un bouquin.



Aussi, je dors pile au milieu du lit...




en diagonale.


C'est beaucoup plus difficile que ça n'en a l'air. Ca demande une ténacité à toute épreuve, énormément de pratique et une discipline ultra-rigoureuse. Parce que, voyez-vous, l'inconscient peut rouler à droite sans s'en rendre compte! Ou se recroqueviller sur la gauche, en petit foetus rétrécissant... Mais j’ai tant dormi, dans la vie, que je suis maîtresse de toutes ces subtilités tétanisantes. Je domine la situation. Et le matelas.



De plus, je suis cracra.

.

Je fiche des miettes partout et je suis bien dedans. Je m’y attache, ces miettes… Ce sont les miennes, je les reconnais et les appelle par leur petit nom. A ma droite, monstruosa, vestige de 15 mini éclairs surgelés-decongelés au chocolat, qui me rappelle cruellement que l’anglais ne comprend nicht à la crème pâtissière. (Elle est née hier.)
A ma gauche, des pétales d’un bouquet qui a séché sur pied dans un vase à moitié plein (un miracle), et qu’une flemme absolue m’empêche de jeter à la poubelle. Pétales de roses sur mon chemin depuis 3 jours, en somme.


Par ailleurs, je hurle à la mort des poèmes.


Toutes mes femme bafouées, mes Marceline, mes Hermiones, mes Marina, je les déclame à tout heure de la nuit et du jour. Je me déshinibe et j’agace le Voisin. Deux pierres d’un coup.



D'autre part, je me saoule au Lapsang


Je bois 2 tasses de thé fumé d'affilée et mâche les feuilles une par une, sans cette voix qui me dit : ”Arrête, c’est pas bon pour toi, tu vas crever". Mourir d’une overdose de thé? Faites-moi rire! Après, si mon coeur bat un peu trop vite, si j’ai le tourni quand je me lève brusquement et si mon estomac se détraque un peu, c’est rien. C'est la faute à tous ces changements de température. C'est bien connu.




En outre, je prends la lune en photo.



Frénétiquement.


Je la shoote comme une tarée. Je la vois de mon canapé, elle est belle et blanche et grasse, et je récite à sa gloire tous les poèmes lunaire que je connais: C’était dans la nuit brune, sur le clocher jauni, la lune/ Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse; Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins/You leave the same impression of something beautiful, but annihilating. Both of you are great light borrowers./ Good night moon.

...

...

Bon.


C'est bien beau toutes ces bêtises, mais va falloir qu'il tarde pas trop, là, le banquier.


Le frigo est vide, il commence à faire sacrément froid,


... et j'ai cru voir une souris dans la cuisine.


Medley Lunaire:

C'était dans la nuit brune de Musset/ Tristesse de la Lune de Baudelaire/ The Rival de Sylvia Plath / Goodnight Moon de Shivaree