J’ai passé les 13 dernières années de ma vie en couple. Pas auprès du même homme, et sans être exclusivement monogame. Je m’entichais à tous les coins de rue et flirtais joyeusement. J’ai embrassé des lèvres inégales et vécu de grandes tempêtes intérieures.
Mais pendant 13 ans, j’avais de la tendresse sur
commande.
De l’amour au robinet.
Mon entourage
devait me trouver insupportable.
Puis un jour, sans prévenir,
LE CÉLIBAT.
Je pensais que la terre entière se réjouirait de ma liberté retrouvée.
Que le monde ouvrirait grands ses bras pour accueillir sa fille prodigue.
Que
mes amis seraient mes compagnons d’infortune et de voyages.
Que mes ex se
jetteraient à mes pieds pour me supplier de les reprendre.
Que de sublimes
inconnus me feraient la cour après un seul regard.
Ma vie était une fête qui ne
demandait qu’à être célébrée.
J’étais le seul élément manquant.
Mais il n’y eût ni feux d’artifices, ni danse des 7 voiles. Aucune joue
ne fut été souffletée, et nul duel ne fut déclaré pour mes beaux yeux.
La vague de sympathie généralisée m’a portée quelque temps, avant de s’écraser sur moi.
La vague de sympathie généralisée m’a portée quelque temps, avant de s’écraser sur moi.
Après ça, marée basse.
La marge de compassion qui m’était allouée était de 3 mois. Une fois ce
délai atteint, les amis ont, avec soulagement, pu se remettre à consacrer
leur énergie à l’analyse de leur nombril - tout comme je n’avais d’yeux que pour le
mien.
C’était donc la mort d’un premier fantasme. Celui où je me voyais l’héroïne
de mon propre téléfilm - bonheur, traumatisme, disette sentimentale, traversée
du désert, et – enfin – bonheur retrouvé (puis gloire, richesse et jalousie
universelle, redorant ainsi le blason terni par mon escale dans la rude
réalité). J’ai dû me reconstruire une base nouvelle sur un terrain aride mais
libérateur : la conscience que je n’étais pas plus ni moins importante que les
autres – une créature lambda qui essaie tant bien que mal de faire son bonhomme
de chemin dans le monde.
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