dimanche 6 juillet 2014

La mort d’un fantasme (chapitre I) ou Le monde s’en fout


J’ai passé les 13 dernières années de ma vie en couple. Pas auprès du même homme, et sans être exclusivement monogame. Je m’entichais à tous les coins de rue et flirtais joyeusement. J’ai embrassé des lèvres inégales et vécu de grandes tempêtes intérieures. 


Mais pendant 13 ans, j’avais de la tendresse sur commande. 
De l’amour au robinet. 

Sous mes pieds, ce beau filet de sécurité qui semble aller de soi, quand on a eu la chance d’être aimé avec constance. Une soupape qui me donnait un air gâté de fille unique et des poses d’héritière qui ne doute pas de l’amour de papa et exige son poney tout de suite



Mon entourage devait me trouver insupportable.

 
Puis un jour, sans prévenir, 
LE CÉLIBAT.

Je pensais que la terre entière se réjouirait de ma liberté retrouvée.
Que le monde ouvrirait grands ses bras pour accueillir sa fille prodigue. 
Que mes amis seraient mes compagnons d’infortune et de voyages. 
Que mes ex se jetteraient à mes pieds pour me supplier de les reprendre.
 Que de sublimes inconnus me feraient la cour après un seul regard. 

 Ma vie était une fête qui ne demandait qu’à être célébrée. 


J’étais le seul élément manquant. 

Mais il n’y eût ni feux d’artifices, ni danse des 7 voiles. Aucune joue ne fut été souffletée, et nul duel ne fut déclaré pour mes beaux yeux. 

La vague de sympathie généralisée m’a portée quelque temps, avant de s’écraser sur moi. 


Après ça, marée basse. 
La marge de compassion qui m’était allouée était de 3 mois. Une fois ce délai atteint, les amis ont, avec soulagement, pu se remettre à consacrer leur énergie à l’analyse de leur nombril - tout comme je n’avais d’yeux que pour le mien.
C’était donc la mort d’un premier fantasme. Celui où je me voyais l’héroïne de mon propre téléfilm - bonheur, traumatisme, disette sentimentale, traversée du désert, et – enfin – bonheur retrouvé (puis gloire, richesse et jalousie universelle, redorant ainsi le blason terni par mon escale dans la rude réalité). J’ai dû me reconstruire une base nouvelle sur un terrain aride mais libérateur : la conscience que je n’étais pas plus ni moins importante que les autres – une créature lambda qui essaie tant bien que mal de faire son bonhomme de chemin dans le monde.



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