lundi 27 août 2007

J'aime la nature


...mais à la télé, l’Amazonie.

Chaque printemps, je pense à cette phrase de Werber dans Les Fourmis: "Comme chacun le sait, les fourmis rousses se réveillent à 12 degrés de température-air, les termites à 13 degrés, les mouches à 14 degrés, et les coléoptères à 15 degrés."
Cette petite phrase à la sotte grammaire sonne pour moi comme le réveil des zombies.
Je passe la moitie de mon temps d’éveil à râler contre la chaleur, et l’autre à me battre contre les hordes de bestioles qui donnent l’assaut à mon appartement (dont les fenêtres sont grandes ouvertes pour lutter contre ladite chaleur- Ô monde cruel!).

BALTHUS Jeune fille à la fenêtre (améliorée)
J’ai bataillé contre plusieurs spécimens bagarreurs cet été, dont Ursula, une jeune araignée qui apparaissait et disparaissait selon ses lubies- un soir la salle de bain, le matin la chambre à coucher- et slalomait comme une furie sur une toile invraisemblable tissée dans mon salon. Elle aimait à se suspendre en particulier juste au dessus de mon Mac, qu’elle devait prendre pour le vaisseau-mère. Elle se balançait tranquillement au bout de son fil, et me regardait droit dans les yeux.
Ursula, je l’ai pourchassée 3 jours, maudite en 4 langues et aspirée 2 fois. La 2ème fut la bonne.

En me réveillant ce matin, j’ai vu la carcasse d’une pauvre coccinelle. Une petite malchanceuse au rouge cramoisi, écrabouillée sur le sol de la salle de bain comme une framboise. Un tableau tragique, comme la fin de l’été.
C’était une journée d’Août modèle. Un ciel parfait, une herbe vive. Je suis allée me promener à Regent’s Park pour essayer de trouver une coccinelle toute ronde de vie. En trottant sur la pelouse à petits pas inquiets, je me suis demandée combien d’insectes on aplatit par foulée. Deux, neuf, trente? Quelle densité de vie microscopique au centimètre carré?

On m’a traitée de bouddhiste, et on m’a expliqué ça :
Les moines Jaïns, végétariens extrêmes (et qui croient en la réincarnation et son cycle de renaissance) font tout leur possible pour éviter de causer de la souffrance à d’autres créatures, même par inadvertance. On peut les voir qui se promènent avec une balayette, brossant le sol devant eux pour éloigner toute bestiole susceptible de traîner sur leur passage. Quelle incroyable compassion. Quel délire humaniste.
Mais pour moi, malgré mes scrupules un peu niais, c’est la vilaine Dorothy Parker qui a le dernier mot :

Thought for a Sunshiny Morning

It costs me never a stab nor squirm

To tread by chance upon a worm.

"Aha, my little dear," I say,

"Your clan will pay me back one day."


Parker in French, zis way plise


2 commentaires:

PastPerfect a dit…

Si chou! Pauvre chose, si tu avais vu la taille enorme, gigantesque, extra-terrestre des 2 cafards qui se sont noyes dans mon verre de biere cet ete... Ils avaient meme de gros yeux blancs!

PS: je ne les ai pas tues. Non, vraiment. Nous etions sur un bateau dans la baie de Ha Long. J'avais laisse mon verre dehors pendant la nuit et je les y ai trouves au matin. Morts. Nous avons debarque immediatement. Cela s'entend.

Magda a dit…

La coccinelle c'est ravissant en broche bien vernie sur le revers d'une veste noire.

Je plaisante bien sûr. Les insectes me répugnent, je n'en voudrais même pas en fond d'écran.